Retour sur 3 jours de festival Zero Waste !

Trois jours de débats, conférences, ateliers, tables ronde pour promouvoir les démarches « zéro déchet ». L’équipe de rédaction de Triethic s’est rendue au Festival Zero Waste. Retour sur ces 3 jours riches en rencontres et en découvertes.

Jeudi 30 juin

Ouverture de ce festival avec un chiffre très positif : 10 000 tonnes de déchets à gérer représentent 690 emplois dans le réemploi.

Nous avons démarré sur une présentation d’initiatives très responsables.

« 30 minutes solution » : tourisme zéro déchet

L’ heure des vacances a bientôt sonné ! C’est l’occasion de découvrir de belles initiatives pour passer un séjour plus responsable. Voici les 5 projets du festival :

  • Catherine Bourlier Masson a présenté BIWA, premier loft conçu sans poubelle. Ce logement loué environ 10 semaines par an propose une autre expérience pour vivre ses vacances autrement. Autonome en énergie et très fonctionnel, ce loft, situé à Portsall en Bretagne, est équipé d’un potager et d’un composteur. Les personnes déjà engagées dans la démarche zéro déchet ou soucieuse de la découvrir pourront poser leurs valises sur les côtes bretonnes !
  • Marc Bultez a présenté la Recyclerie Sportive,  association située à Massy qui s’attache à favoriser l’accès au sport pour tous et à prolonger la durée de vie des équipements sportifs. Des ateliers pour apprendre à réparer son matériel et une boutique où acheter du matériel de seconde main sont les actions principales de ce projet responsable.
  • Romain Tourte a présenté Tamata Océan, projet de rénovation d’un voilier datant de 1972 pour le rentre autonome en mer. En effet, le voilier a été conçu pour substituer à ses besoins en eau et en énergie.
  • Anne-Laure Chorro a présenté MakeItTravel, un projet de plateforme collaborative pour la location entre particuliers d’équipements de voyage (tentes, Go Pro, surfs etc…).

Toujours dans un but de réduction des déchets, le festival a continué sur une table ronde consacrée à l’obsolescence programmée. Mais au fait, qu’est-ce que c’est ? C’est le fait de réduire la durée de vie d’un produit (Smartphones, imprimantes, frigos etc…) pour inciter le consommateur à en acheter un autre. Néanmoins, depuis quelques années, l’obsolescence programmée est devenu le combat d’associations (Halte à L’Obsolescence Programmée) et de certains constructeurs. Étaient présents autour de la table ronde :

  • Alain Pautrot, groupe SEB
  • Benjamin Tincq, Ouishare (communauté basée sur l’économie collaborative),  POC21
  • Christopher Santerre, L’Increvable (machine à laver conçue pour durer 50 ans)
  • Guillaume Doual, Loom (création de vêtements durables)

Des constats et problématiques ont été soulevés :

 – Les pièces détachées qui peuvent être (re)fabriquées à la demande via les impressions numériques et ainsi minimiser les coûts de stockage.

– La difficulté de trouver et former des réparateurs.

C’est dans une ambiance de rencontres et de découvertes que la conférence « qu’est-ce qu’une ville zéro déchet » a démarré avec les intervenants :

  • Enzo Favoino, Zero Waste Europe
  • Gabriele Folli,  élu en charge de la gestion des déchets, ville de Parme
  • Robert Reed, porte-parole Recology (San Francisco)
  • Rossano Ercolini, Président Zero Waste Italie
  • Alexandre Garcin, adjoint au Maire de la ville de Roubaix

Chaque intervenant a œuvré pour réduire durablement les déchets dans sa ville et éduquer les populations à être plus responsables. Pour ce faire, plusieurs actions ont été mises en place :

  • Collecte séparée en porte à porte des bio-déchets
  • Tarification incitative (plus la poubelle des déchets résiduels est pleine, plus les habitants payent cher)
  • Actions de prévention et de sensibilisation via des animations (conférences, débats…)
  • Retours aux producteurs sur les différentes matières utilisées pour reconcevoir de manière plus responsable les emballages
  • Livraison pour chaque habitant de bacs de collectes bien identifiés (résiduels, recyclables et bio-déchets)
  • Ouverture de points d’informations pour le lancement de ces démarches
  • Communication social-media avec la mise en place de portail web (qu’est-ce que la tarification incitative, sur la collecte séparée des déchets…)
  • Planning de collectes bien définis en fonction des déchets
  • Mise en place d’infrastructures pour recycler (centres de recyclage, centres de compostage)
  • Programme de compost avec la fourniture de bacs dédiés pour les restaurateurs
  • Travail avec les établissements scolaires et les crèches pour lancer des démarches plus responsables.

Grâce à toutes ces actions, les élus constatent une réduction massive des poubelles de déchets résiduels. C’est le cas à San Francisco où 80% des déchets sont recyclés. À Trévise également, où le taux de collecte séparée est de 86% et seulement 60 kg de déchets résiduels par habitant et par an.

Ces action ont également permis de créer des emplois (300 à San Francisco), à faire participer les citoyens (familles, étudiants, élèves) pour devenir des ambassadeurs et diffuser le message. C’est un véritable projet fédérateur.

« 30 minutes solution » : lutter contre les déchets sauvages

Que ce soit à la mer ou en montagne, la baignade ou les randonnées sont bien plus agréables sur des plages ou des sentiers sans déchet. C’est sur ce sujet que les intervenants ont présenté leur projet :

  • Etienne Bachelart a présenté Mountain Riders, qui a pour objectif la gestion des déchets dans les endroits naturels. L’association organise des campagnes de ramassage des déchets en montagnes, des animations, des ateliers, des conférences pour sensibiliser la population locale et les touristes à la prévention des déchets.
  • Marie Fabiszak a présenté Let’s do it in France qui organise des ramassages de déchets sauvages. Présente dans 11 pays, l’association réalise une action de ramassage les 1er et 2 octobre 2016 en France. Elle est également à l’origine de l’application Trash Out qui permet de localiser une masse de déchets sauvages afin de venir les retirer.
  • Lionel Cheylus a présenté Surfrider Fondation, qui vise à protéger les océans, les lacs et les rivières. Cette association fondée en 1990 agit dans 14 pays. Elle fait de la prévention et lutte contre les déchets et les risques du transport maritime. Elle défend l’éco-système du littoral et analyse la qualité de l’eau. Chaque citoyen peut y adhérer (participation financière, bénévolat, etc…).
  • Christophe Mandereau a présenté Expédition Med, qui vise à lutter contre les plastiques dans les mers. Pour sensibiliser les citoyens à la problématique, elle réalise des programmes d’actions, des programmes de sensibilisation et des programmes scientifiques. Tout le monde peut agir (signature d’une pétition, gain financier, bénévolat etc…).

Les vacances seront probablement placées sous le signe de la prévention grâce à ces nombreuses solutions.

Denis Chevalier a présenté l’exposition « vies d’ordures de l’Économie des déchets » qui aura lieu d’avril à août 2017 au Mucem de Marseille.

Une autre conférence sur les déchets au bureau a pris place au Cabaret Sauvage de la Vilette. Le saviez-vous ? 3 kilos de papiers sont consommés par mois et par personne au bureau. De ce fait, la réduction des déchets en entreprise est devenu un enjeu primordial de la RSE. Un décret est également entré en vigueur depuis juillet 2016 obligeant les entreprises de plus de 20 salariés à recycler leurs papiers. La question de la gestion des déchets est donc posée avec les intervenants :

  • Valéry Hergot, directeur de Riposte Verte (accompagne les organisation à renforcer leur démarche RSE)
  • Renaud Atal, co-fondateur de R-Cube (association qui conseille et accompagne les entreprises dans un projet d’économie circulaire avec la réutilisation, le recyclage, et la réduction des déchets)
  • Ludivine Potier, Valdelia (éco-organisme qui traite et recycle le mobilier usagé)

Notre équipe s’est rendue à une table ronde intitulée « le compostage au secours de la santé, des sols et du climat » avec 2 intervenants experts sur le sujet :

  • Robert Reed, porte-parole de Recologic
  • Camille Dorioz, chargé de mission au réseau agriculture de FNE

Le sol est au coeur des éco-systèmes. Malheureusement, aujourd’hui, plus de 50% des sols ont perdu leur teneur en carbone. Les sols agricoles sont les premiers à être en danger.

L’objectif est de rendre aux sols leurs matières organiques nécessaires à leur bon développement. Le compost est une solution à condition qu’il soit de bonne qualité. Pour cela, il faut qu’il soit composé de 50% de humus qui est une éponge naturelle permettant de garder et d’évaporer l’eau pour répondre aux besoins des sols.

À 90 kilomètres de San Francisco, un centre de compostage a été fondé. L’infrastructure a été pensée afin qu’il ne puisse pas y avoir d’évaporation de gaz à effets de serre (pouvant être nocifs) grâce aux tuyaux agissant comme des aspirateurs, lesquels font redescendre l’air vers le bas et non dans les airs.

Il y a plusieurs manières de faire du compost :

  • Par méthanisation : perte de carbone dans le digestat. Phase liquide d’origine organique réutilisée de lanière solide pour les sols agricoles.
  • Par tri mécano biologique : recycler ou optimiser le traitement des ordures ménagères résiduelles.  Ce système consiste en l’imbrication d’opérations mécaniques (tris) et d’étapes biologiques (compostage, méthanisation).

Le meilleur exemple pour initier au compostage est celui du marc de café. Gorgé de carbone et de nutriments, le marc est une matière excellente pour bonifier les sols.

La pollution des sols (atrasine), l’érosion et la diminution de la teneur en matière organique constituent les principales menaces au bon développement des sols.

La journée du jeudi s’est clôturée sur un entretien avec Cyril Dion, co-réalisateur du film Demain.

À travers ce fils, il a souhaité valoriser des initiatives responsables provenant du monde entier.

Il a voulu ressortir les points saillants pour réinventer un système plus démocratique et responsable à côté de celui qui existe.

La conclusion : il a probablement montré une autre vision du futur. A bon entendeur…

Vendredi 1er juillet

La deuxième journée de ce festival a démarré sur la pratique de l’upcycling avec une présentation intitulée «l’ upcyling et confection française : l’histoire de Bilum« . La fondatrice de cette société Hélène de la Moureyre nous a présenté sa société créée en 2006.

L’entreprise fabrique des accessoires (porte-feuille, sacs, sacoches etc…) avec des bâches publicitaires qu’elle recycle. Depuis sa création, elle a transformé 35 000m2 de matière transformée et emploie 45 personnes.

Mais au fait qu’est-ce que l’upcyling ? C’est l’action de transformer un matériau en objet de valeur. Le matériau est ainsi valorisé au lieu d’être incinéré ou enfoui.

La matinée a laissé place à une autre conférence intitulée « ma rue commerçante idéale : la logistique urbaine du service du zéro jetable ». Étaient présents les interlocuteurs :

  • Fanny Allorent, fondatrice de Pack & Vrac (société spécialisée pour repenser l’emballage durable auprès des commerçants, distributeurs, industriels, collectivités…)
  • Gérard Bellet, fondateur de Jean Bouteille (retrouvez notre interview)
  • Do Huynh, fondateur de Cartons Plein (retrouvez notre interview)
  • Antoinette Guhl, élue à la mairie de Paris à l’Économie Sociale et Solidaire ainsi que l’économie circulaire.

À Paris, le constat est alarmant avec des chiffres qui donnent le tournis. En effet, 1 million de déchets ménagers sont jetés par an dont 85% sont incinérés et enfouis. Seulement 15% sont recyclés. Pour palier à cette problématique de la gestion des déchets, l’idée est de reconcevoir une ville avec des alternatives où les commerçants seraient intégrés dans une démarche zéro déchet.

La ville idéale serait donc d’aller faire ses courses avec des sacs réutilisables dans des épiceries de vente en vrac pour n’acheter que le nécessaire et ainsi réduire le gaspillage alimentaire. Une autre possibilité serait de rentrer du travail, de commander son repas dans un restaurant avec des emballages consignés. Le lendemain sur son chemin, l’idée serait de (re)déposer ses emballages consignés chez n’importe quel commerçant ou restaurateur. Ainsi, ces actions permettraient la réduction emballages jetables. La consigne et le vrac sont deux actions primordiales sur la logistique zéro déchet d’une zone urbaine.

Toujours sur le thème du vrac, activité en plein essor, nous avons assisté à une conférence intitulée « quel cadre réglementaire pour se développer ? ». Les intervenantes présentes étaient :

L’association Réseau Vrac a été fondée en mars 2016 pour répondre aux besoins de 350 porteurs de projets. Actuellement, en France près de 40 épiceries ont vu le jour. En 2017, elles seront 150 épiceries. L’association Réseau Vrac répond à plusieurs objectifs pour aider les porteurs de projet à développer leurs activités :

  • Elle met en relation tous les acteurs du vrac
  • Elle donne accès à des outils destinés aux porteurs de projets
  • Elle communique pour promouvoir la vente en vrac

La France est soumise à la réglementation européenne des produits en vrac (alimentaires, cosmétiques et hygiène).

Nous avons continué sur le thème du vrac avec une conférence intitulée « le développement du vrac en Europe » animée par Manon Carré qui a réalisé une étude auprès de 5 pays. Elle constate 5 grandes tendances qui démontrent l’émergence du vrac :

  • L’économie collaborative
  • La valeur des aliments « bio » (de plus en plus de français consomment du bio)
  • La mutation de la distribution (vrac, consommateur/producteur, consigne)
  • Les magasins connectés (caisses connectées, smartphones etc…)
  • Lien social ( les magasins créent de vrais lieux de vie avec des cours de cuisine, des démonstrations, des animations).

L’étude montre qu’il y a 23 initiatives de ce type réparties dans 5 pays différents et que les influences internes (économiques, écologiques) et externes (contexte historique, équipement des magasins) ne sont pas les mêmes en fonction des cultures.

La (ré)apparition du vrac est une des tendance de la mutation de la distribution. Nous avons assisté à une autre conférence sur le « vrac et la consigne : les métiers qui révolutionnent le secteur de la distribution ». Quatre intervenants étaient présents dont :

  • Julia Faure, la Ruche qui dit Oui, une initiative qui favorise la vente de produits alimentaires directement du producteur au consommateur.
  • Ludvina Sanchez, fondatrice de Pachamamaï, une société de création de cosmétiques naturels
  • Gérard Bellet, fondateur de Jean Bouteille, un concept de bouteilles consignées
  • Sébastien Leblond, La juste Dose une société de vente en vrac pour des produits alimentaires et d’hygiène.

Après la thématique du vrac, nous avons assistés à la présentation d’initiatives  sur le gaspillage alimentaire.

« 30 minutes solution » : lutter contre le gaspillage alimentaire

Chaque année, près de 6 millions de tonnes de déchets alimentaires sont jetés par an. Face à ce fléau, plusieurs initiatives se sont développées pour lutter contre le gaspillage :

  • Lucie Bash a présenté Too Good To Go, application mobile permettant de mettre en relation les commerçants et les utilisateurs pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Cette initiative permet aux commerçants de vendre leurs invendus à moindre coût.
  • Julien Meimon a présenté le Chaînon Manquant, start-up qui vise à réduire le gaspillage alimentaire en récupérant dans les sociétés, les denrées non consommés du jour pour les redonner à des associations partenaires.
  • Amance – Eudine Rouzier a présenté Wektoo une application visant à améliorer le travail des employés de la distribution en permettant le repérage facile des denrées périssables rapidement afin de les retirer des rayons si besoin.
  • Héloïse Gaborel a présenté France Nature Environnement, fédération nationale de la protection de l’environnement et de la nature.

C’est sur toutes ces belles initiatives que nous avons terminé notre journée.

Samedi 2 juillet

L’équipe de la rédaction s’est rendue à la conférence sur « le zéro déchet : rencontre avec Béa Johnson », auteur du livre Zero Waste Home. Cette française vivant  aux États-Unis a rencontré un franc-succès avec son mode de vie zéro déchet qu’elle a mis en place dans son quotidien. Elle a raconté son histoire dans son livre et continue aujourd’hui à donner des conseils auprès de familles qui sont intéressées par la démarche zéro déchet. Elle a partagé cette conférence avec Didier Onreita, fondateur de l’enseigne day by day, les épiceries en vrac implantées sur tout le territoire.

Nous remercions l’ensemble de l’équipe Zero Waste pour l’organisation de ce festival !

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