Jean Bouteille, la consigne et le vrac !

Pas de doute en France, nous avons de belles personnalités. Si, si regardez, nous avions Jean De la Fontaine et ses fables. Nous connaissons bien Jean Rochefort et son dernier sketch sur Madame Bovary. Aujourd’hui nous avons Jean Bouteille avec son nouveau concept. L’objectif ? Proposer la consigne de bouteilles. Gérard Bellet nous a livré sa soif  d’idées sur cet exemple novateur.

Bonjour Gérard. Qui êtes-vous exactement ?

J’ai 30 ans. Je suis parti pendant 2 ans en Inde puis 2 ans aux Etats-Unis et je suis revenu en France. J’ai créé Jean Bouteille il y a un an. J’étais particulièrement intéressé par la problématique Zéro Déchets, et c’est d’ailleurs un article dans la presse sur Béa Johnson qui m’a inspiré. J’ai démarré sur un projet pilote. J’ai longuement travaillé sur l’analyse des clients et des produits. Les six premiers mois ont été concluants. Aujourd’hui, nous sommes 3 dans l’équipe. Nous avons déjà équipé 6 magasins et bientôt 7, notamment à Paris.

Qu’est-ce-que Jean Bouteille ?

Le concept est basé sur la livraison de bouteilles propres et vides consignées. Je suis convaincu que la consigne répond à beaucoup de problèmes de la vente en vrac : oublier sa bouteille chez soi, ne pas en avoir une vide en stock. La consigne retire donc les freins à l’achat de liquide en vrac. Ensuite, nous proposons le contenu. L’huile, le vinaigre et le vin sont les liquides historiques de la vente en vrac. Les sodas et les bières seront bientôt disponibles. Avec ce concept, nous faisons plus d’économie d’énergie et d’eau en lavant les bouteilles qu’en recyclant la bouteille pour en recréer une autre.

Bouteilles Jean Bouteille

De quel constat êtes-vous partis pour créer Jean Bouteille ?

Aujourd’hui, il est clair que les gens ne veulent pas consommer moins mais mieux. D’ailleurs de nombreuses études le prouve. Ils ne veulent pas que ce soit plus cher ni contraignant. Pour y répondre, nous ne voulons pas imposer que la consigne. Nous laissons le choix avec des produits classiques et des produits consignés.

À quels problèmes répondez-vous ?

Je pense que l’enjeu aujourd’hui est de diminuer les intermédiaires grâce à des circuits plus courts. Nous y répondons. Cette problématique a des effets très positifs tels qu’une économie de coûts, des emplois locaux et non délocalisables. Par exemple, nous avons un entrepreneur à Lille (Gecco) qui collecte de l’huile. Il a créé une mini-usine, comme un Fablab (avec une imprimante en 3D) pour produire lui-même son carburant et retirer tous les intermédiaires. Le Do It Yourself (DIY) prend tout son sens.

Quel est le profil de vos clients ?

Nous rencontrons des jeunes, des moins jeunes, des retraités et des familles. C’est vraiment très varié et nous n’avons pas vraiment un profil type. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils n’ont pas forcément un intérêt particulier pour l’environnement. Pour eux, cela va de soi, c’est du bon sens. D’ailleurs, je n’axe pas mon discours sur l’aspect écologique et environnemental car je pense que nous en entendons assez sur ce sujet. Je mise plutôt sur le fait de faire des économies et de créer des emplois locaux. Je suis sûr que c’est la clé du « consommer mieux ».

Quel est votre modèle économique ?

Nous vendons l’usage de la bouteille. Dès qu’un contenant sort d’un magasin, nous facturons une prestation. La prestation de location de la bouteille est vendue 0,45€, en plus d’1€ de consigne. Ensuite, nous vendons également les liquides comme l’huile, le vinaigre ou le vin en vrac. Enfin, nous louons ou vendons la fontaine adaptée à la bouteille.

brasserie

Selon vous, est-ce que la vente en vrac a de l’avenir ?

Oui. En tout cas, nous pouvons venir concurrencer les grandes surfaces car elles n’ont pas les outils et la manière de faire du vrac. Ce type de vente ainsi que la consigne n’est pas adaptées à ces magasins.  Les grandes surfaces se situent sur des produits pré-emballés. Dans ce type de magasins, on ne se soucie pas vraiment de ce qu’on fait des emballages une fois le produit vendu. Je pense donc nous avons un créneau à prendre dans les petits et moyens magasins.

bouteilles en verre

Comment vous faites-vous connaître ?

Les réseaux sociaux sont un excellent moyen de communication. Je fais également des campagnes de crowdfunding pour nous aider à financer le matériel. Je relaie ces campagnes sur des vidéos. Pour la dernière, j’ai pu lever 21 OOO€, ce qui nous a permis d’investir dans 4 laveurs.

Pensez-vous exporter le modèle sur le territoire national ?

Oui, j’espère vraiment. Par ailleurs, je ne crois pas vraiment à la franchise mais plutôt à la licence de marque ou au développement interne. On verra bien.

Qu’est-ce qu’on pourrait mettre en œuvre pour sensibiliser la population au réemploi ?

Par exemple, nous devrions proposer une TVA différente entre les produits de 1ère main et les produits de 2nde main. Pourquoi payer autant alors qu’on fait en sorte de ne pas jeter et de le réutiliser ? Je pense également qu’il faut sensibiliser sur l’emploi. L’économie circulaire, créé des emplois non délocalisables. Enfin, il ne faut pas réduire l’économie circulaire au recyclage. Avant de passer par cette étape, il y a des solutions adaptées pour donner une seconde vie à nos objets, nos vêtements, nos matériaux etc.

Que vous manque-t-il pour aller plus loin ?

Du temps, du temps et encore du temps ! Peut-être de l’argent mais on y arrive. Nous lavons près de 3 000 bouteilles par mois contre 1 000 en décembre dernier. C’est bon signe. Le gros avantage je pense, c’est que nous arrivons au bon moment sur le marché.

Merci Gérard pour cet entretien et bonne continuation.

Jean Bouteille

Magasin Saveurs & Saisons : 270 rue des Fusillés à Villeneuve d’Ascq (59650).

Magasin Bioambiance : 6 Avenue de la Haute Loge, Hazebrouck (59190).

Epicerie Biologique Almata :  Rue d’Albanie 80 à Bruxelles (1060)

Copyright photos/vidéo : Jean Bouteille

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