Screlec, collecteur et recycleur de nos piles !
Qui n’a pas chez lui un tiroir ou un contenant avec des stylos usagés (on espère toujours qu’ils vont reprendre goût à la vie), des boutons (qui datent de l’Antiquité), une clé (de valises peut-être), et des piles ! Télécommandes, réveils, rasoirs, souris d’ordinateurs… au total, nous avons environ 71 piles chez nous qui attendent d’être collectées et recyclées. Screlec est leader historique sur cette activité. Pour tout connaitre sur cet éco-organisme, nous avons rencontré le directeur Emmanuel Toussaint-Dauvergne.
Merci de nous recevoir M.Toussaint-Dauvergne. Pouvez nous en dire un peu plus sur vous ?
J’ai 44 ans et je suis le directeur général de Screlec depuis 1 an et demi. J’ai une double formation avec un doctorat en chimie des matériaux et un DESS en marketing et gestion. J’ai occupé diverses fonctions dont celle de chef de produit dans l’industrie chimique. Par la suite, j’étais en charge de la gestion des filières de recyclage dans un éco-organisme important spécialisé dans la collecte sélective et le recyclage des déchets. J’ai également eu l’opportunité de travailler dans un groupe industriel fabricant de la pâte issue de papiers recyclés, pour l’impression écriture. Aujourd’hui, je me consacre totalement au recyclage des piles et petites batteries portables chez Screlec.
Qu’est-ce que Screlec ?
C’est l’éco-organisme historique des piles. Fondée, il y a 15 ans, la société Screlec est spécialisée dans la collecte et le recyclage des piles et des petites batteries (portables). Nous gérons et contrôlons toute la filière. Dans un premier temps, nous fournissons les boites de tri. Ensuite, nous assurons la collecte. Enfin, nous recyclons les piles.
Qu’est ce qu’un éco-organisme ?
Screlec est un organisme à but non lucratif agréé depuis 2009. Il agit dans l’intérêt général pour collecter et recycler les piles. Aujourd’hui, nous avons plus de 700 adhérents (producteurs de piles et d’accumulateurs, fabricants et distributeurs) avec qui nous travaillons pour répondre à leurs obligations légales en matière de collecte et de recyclage. Ils apportent une éco-contribution qui nous permet de financer la collecte et le recyclage des produits qu’ils mettent sur le marché. Nous sommes indépendants financièrement et nous couvrons nous-mêmes tous nos frais. Nous avons également une vingtaine d’actionnaires (Sony, Phillips) qui travaillent principalement dans l’électronique, les nouvelles technologies. Un éco-organisme est avant tout un acteur majeur dans la valorisation des déchets.
Auprès de qui Screlec agit ?
Nous nous adressons aussi bien au secteur public (collectivités territotiales, administrations…) qu’aux professionnels (entreprises…). Il faut avancer tous ensemble pour collecter et recycler encore plus. Nous devons donc le faire avec tous les éco-citoyens !
Où est-ce que je peux déposer mes piles/ batteries ?
Aujourd’hui, nous avons près de 26 000 points de collecte en France. Le lieu de travail est le plus sollicité pour déposer ses piles. Il y a également des boites de tri chez certains de nos adhérents qui sont des réseaux de distribution (Lidl, Franprix…). Enfin, vous avez également la possibilité de déposer vos piles dans les boites de tri des mairies. Sur notre site internet vous pouvez trouver le point de collecte Screlec le plus proche de chez vous.
Qu’est-ce que deviennent mes piles après la collecte ?
Elles sont envoyées dans une de nos filières spécialisées pour être triées avant d’être recyclées. Il s’agit de centres de tri à reconnaissance visuelle. C’est très rare en France, il y en a seulement trois. Les piles sont disposées sur un tapis pour être séparées en plusieurs catégories (Alcaline, lithium…) avant d’être envoyées dans des usines de recyclage. De même pour les accumulateurs (plomb, nickel, lithium). 90% des flux triés sont recyclés en France. Après le tri, il y a la phase du traitement. On extrait tous les matériaux. On opère alors à différentes techniques de recyclage. On récupère en moyenne 50% de la matière première issue des piles et 60% issue des accumulateurs. Enfin, dans un troisième temps, on arrive à la valorisation des matières premières. Par exemple, le zinc récupéré peut resservir pour les toits de Paris.
Comment voyez-vous l’avenir du recyclage des piles en France ?
C’est très positif ! Notre organisme est d’ailleurs chaque année en croissance. Depuis 15 ans, nous avons fait recycler 800 millions de piles et de petites batteries. On constate une vraie prise de conscience puisqu’aujourd’hui, près de 90% des français sont favorables au recyclage des piles et petites batteries. Mais on doit encore s’améliorer et pousser notre service encore plus loin.
C’est-à-dire ?
Nous avons réussi à capter une partie de la population, mais il en reste encore une grande partie à convaincre d’aller déposer leurs piles dans les points de collecte plutôt que de les jeter. Le point « négatif » d’une pile, c’est que ce n’est pas encombrant donc facile à stocker chez soi. Partant du constat que le dépôt des piles ne se fait pas toujours, il faut simplifier la démarche en allant au plus près des citoyens. C’est effectivement plus facile de trouver des points de collecte dans les villes que dans les espaces ruraux. Sur ce sujet, je pense que les collectivités territoriales peuvent nous être d’une grande aide. Je suis également convaincu qu’il nous faut des relais d’informations locaux pour rendre notre service le plus optimal possible. En ce sens, l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) peut être un acteur majeur sur ce type d’actions. Je suis persuadé que là, où nous aurons des partenaires de terrains de l’ESS qui nous aiderons à développer la collecte, nous aurons encore plus de croissance. Il faut être à l’écoute des demandes et prendre en compte les besoins. Le modèle générique ne fonctionne plus. Il faut aller chercher d’autres solutions à adapter à chacun en innovant. Malheureusement, les petits gisements sont mis à l’écart, les micro-quantités ne sont pas collectées car la problématique est complexe. La quantité minimum collectée par Screlec est de 60 kilos quand pour d’autres, elle est de 90 kilos. Mais nous travaillons à trouver des solutions adaptées. Enfin, je dirais qu’il faut sensibiliser encore plus, notamment auprès des jeunes et des enfants; ce sont d’excellents relais d’informations.
J’ai d’ailleurs vu que vous organisiez le concours de la plus grosse collecte de piles dans les collèges des Hauts-de-Seine…
Effectivement, nous avons l’habitude de travailler en collaboration avec les établissements scolaires. Nous avions d’ailleurs organisé une opération avec 90 collèges d’Alsace que nous avions équipés. Nous avions aussi trouvé une association qui recycle des bâches de camion et qui a transformé la matière en sacs à piles pour les gagnants du concours. Résultat, nous avons collecté 14 tonnes de piles. Ce genre d’opérations est toujours très positif.
En matière de communication, que faites vous ?
Notre site Internet est un très bon support pour nous faire connaître et avoir de la visibilité. Nous développons également plus de partenariats et nous nous associons à des opérations. C’est la cas du Téléthon; nous avons collecté 44 tonnes sur un mois; nous avons donc pu reverser un chèque à cet organisme. Nous devons insister et continuer dans cette voie pour trouver un public encore plus large et ainsi mieux sensibiliser.
Quels sont les projets pour 2015 ?
En 2014 nous avons lancé avec succes de nombreux projets et activés des partenariats. Fort de ces réussites et d’une croissance de 20%, nous espérons vraiment être réagréés.
Alors c’est tout ce qu’on vous souhaite ! Bon courage pour la suite et merci pour cet entretien.
Screlec
8,rue Edouard Naud
92 500 Issy-les-Moulineaux
01 41 33 08 45
Retrouvez Screlec ici.
Copyright photos : Screlec – Sylvain Courros