Le Relais, une seconde vie pour nos textiles
Les commodes débordent de vêtements, les armoires sont remplies de chaussures et ne parlons pas du linge de maison qui remplit nos tiroirs. L’heure du tri a sonné ! Mais comment va-t-on-faire pour se débarrasser de tous ces textiles ? La solution est à proximité de chez vous dans les conteneurs du Relais.
Nous remercions M. Claude Farinotti et son équipe de nous avoir accueillis sur le site de Chanteloup-les-Vignes où travaillent 100 personnes. Durant notre visite, nous lui avons posé quelques questions pour tout savoir sur le Relais.
Pouvez-vous nous dire quelques mots à votre sujet ?
Après avoir obtenu mon DESS en sciences économiques, j’ai travaillé pour des multinationales américaine et japonaise. Par la suite, j’ai intégré le groupe Conibi spécialisé dans le recyclage des consommables informatiques ; j’ai beaucoup apprécié cette expérience car il y avait un fort enjeu environnemental. C’est un sujet pour lequel je portais déjà beaucoup d’attention. Maintenant, je suis retraité et je travaille comme chargé de développement pour le Relais. C’est sans doute la plus belle expérience, car c’est un travail utile qui valorise à la fois l’homme et la matière.
Qu’est-ce que le Relais ?
Créé il y a 30 ans par Emmaüs, le Relais est la première filière de valorisation du textile en France. Aujourd’hui, il y a plus de 18 000 conteneurs sur le territoire national, dont 1000 sur notre site, celui de Chanteloup, permettant à chacun de déposer ses textiles. Ces textiles sont ensuite collectés par nos équipes. Nous récupérons aussi beaucoup de vêtements auprès d’associations. Lutter contre l’exclusion par la création d’emplois au profit de personnes qui en sont éloignées est la raison d’être du Relais. L’humain est au cœur de nos préoccupations. Aujourd’hui, Le Relais emploie 2200 personnes. Chaque semaine, trois emplois durables sont créés.
Peut-on qualifier le Relais d’entreprise ou d’association ?
Le Relais est une SCOP (Société Coopérative et Participative). Les dirigeants sont élus par les salariés-sociétaires qui détiennent l’entreprise. Les sociétaires n’ont aucun avantage économique. L’ensemble des bénéfices est réparti pour 50% en investissement et 50% en part égale entre tous les salariés. Par ailleurs, nous sommes soumis, au même titre que toute autre entreprise, aux contraintes économiques et de rentabilité.
Quelles sont les valeurs du Relais ?
La lutte contre l’exclusion ! En donnant une deuxième vie au textile, on donne une deuxième chance à l’homme. Le Relais ne redonne pas les vêtements ; il donne des emplois grâce au tri et à la revente. Cette Entreprise d’Insertion issue de l’Economie Sociale et Solidaire attache beaucoup d’importance à l’humain. Nous apportons à des personnes éloignées de l’emploi un cadre de travail et un véritable accompagnement autour d’un projet individuel. Il est important que ces individus reprennent confiance en eux ; c’est un gros enjeu pour nous. Cela les aidera à reconstruire un projet professionnel. Nous agissons également pour la défense de l’environnement. En effet, grâce à nos conteneurs, nous mettons à disposition le tri sélectif ; le textile ne se jette pas n’importe où. Ensuite, nous redonnons une seconde vie aux vêtements en les revendant. Nous tenons à valoriser toutes les matières quelles qu’elles soient. Sur notre site de Chanteloup, l’année dernière, nous avons collecté 4 800 tonnes de textiles ; ce qui a permis le maintien de l’emploi de près de 100 salariés dont une trentaine en insertion.
Quelles matières peut-on déposer dans les conteneurs et que deviennent les dons ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’on peut facilement trouver un conteneur à proximité de chez soi puisque tout le territoire est desservi. Le plus courant est de déposer ses textiles (vêtements, chaussures liées par paire, linge de maison, petite maroquinerie) dans des sacs (30L). Ensuite, il suffit de glisser le sac bien fermé à l’intérieur du conteneur (pas de linge mouillé, ni souillé). Grâce aux dons, vous redonnez une seconde vie aux vêtements, vous contribuez à diminuer le gaspillage, et vous participez à maintenir ou à créer des emplois. Pour être plus précis, il y a 61% du textile qui est réemployé dont une partie (6%) revendue à bas prix dans nos 65 boutiques « Ding Fring », notre réseau de friperie solidaire en France. Ce qui n’est pas vendu en France (55%) part à l’export dont une partie vers les « Relais » en Afrique (Sénégal, Madagascar et Burkina Faso) pour être triée et revendue sur place. L’objectif est de créer des emplois localement. Enfin, les autres matières sont recyclées : 26% pour fabriquer de l’isolant acoustique pour les bâtiments via notre réseau Métisse® et le reste est recyclé en chiffons d’essuyage à hauteur de 10%.
Comment se passe tout le processus de recyclage ?
Chaque matin, les camions partent faire leur tournée de collecte. Ils rentrent le soir pour décharger. Les textiles sont pesés puis passent sur un tapis de tri. En fonction de leur nature (blouson, pantalon, chemise, pull…) et de leur état, ils sont répartis dans différents bacs. Il y a environ 3% de déchets ultimes (réemploi et recyclage impossibles) qui sont incinérés pour une valorisation énergétique. Le textile qui part dans nos boutiques « Ding Fring » est vérifié dans les moindres détails (boutons, fermetures éclairs…). Le vêtement doit être d’une qualité irréprochable.
Pensez-vous que le Relais est assez connu auprès des français ? Avez-vous une bonne visibilité ?
Le Relais n’est pas assez connu ; nous voudrions l’être d’avantage. Nous aimerions que notre spécificité soit connue et reconnue. Le Relais n’est pas une entreprise comme les autres, elle appartient à ses salariés-associés. Seul le travail est rémunéré ; pas le capital. Nous aimerions ne pas être confondus avec des concurrents qui se font passer pour des « associations humanitaires ». Quand Le Relais affiche le logo Emmaüs, c’est parce- qu’il est né et qu’il fait partie d’Emmaüs.
L’année vient de commencer, quels sont les grands projets de 2015 ?
Je répète : créer d’avantage d’emplois pour celles et ceux qui en sont éloignés, est toujours notre objectif ! Pour cela, il nous faut des volumes. Il nous faut se faire connaître d’avantage, montrer nos spécificités. Pour augmenter les volumes collectés, nous nous attachons à accroître notre parc de conteneurs. Il nous faut également aller chercher plus de volumes auprès des associations ; c’est à nous de créer un vrai lien avec elles pour que la confiance et la fidélité s’établissent. Avec l’augmentation des volumes, le projet en France est de monter des usines de tri et de transformation des textiles Le Relais et pas seulement des entrepôts.
Que vous manque-t-il pour aller plus loin aujourd’hui ?
Il faudrait vraiment que le public pense à donner ses vêtements plutôt que de les jeter ; il y a une vraie sensibilisation à faire à ce sujet. Nous avons les moyens de réduire nos déchets et de donner une seconde vie à nos matières, alors saisissons cette opportunité. Il faut absolument décomplexer le tri par la proximité des conteneurs et la facilité de dépôt. Nous invitons également le public à venir nous rencontrer et visiter nos installations en France ; il constatera par lui-même le travail fourni pour valoriser ses dons.
Question bonus : quels sont les objets les plus incongrus que vous ayez trouvé dans vos conteneurs ?
Vous n’imaginez pas ! On trouve de tout ! Mais ce qui m’a vraiment marqué, c’est d’avoir trouvé une arme. J’espère ne plus jamais vivre cette expérience. Pour le reste, mieux vaut en rire, comme pour les déguisements les plus farfelus !
Merci M.Farinotti pour cet entretient très intéressant et bonne continuation.
Le Relais Val de Seine
9 Rue Andrésy, 78570 Chanteloup-les-Vignes
01 39 27 01 92
http://www.lerelais.org/
Retrouvez la liste des conteneurs du Relais ici.