La Petite Rockette, la ressourcerie écologique et créative

Au collectif de la Petite Rockette, ne leur parlez surtout pas de gaspillage, ce sujet leur irrite les oreilles. Et pour cause, cette ressourcerie redonne une seconde vie aux objets. Hors de question de jeter ! Tout est possible avec la ‘’récup’’ même avec une chaussette trouée. Alors, ne vous demandez plus ce que vous allez faire des livres pour enfants de Paul (qui a 10 ans aujourd’hui), et des vêtements bien trop petits de Léa (12 ans cette année) ! Le réemploi et le recyclage, c’est direction la ressourcerie. Pour vous donner un petit aperçu, nous avons rencontré la fondatrice de la Petite Rockette, Delphine Terlizzi.

magasin de récupération

Parlez-nous de vous.

J’ai obtenu un doctorat à l’Ecole du Louvre, puis j’ai travaillé dans la construction de décors de cinéma. J’ai eu plusieurs expériences dans ce milieu avant que l’aventure de la Petite Rockette ne commence. J’étais à la recherche d’ateliers d’artistes mais l’exercice s’est avéré compliqué. Avec le collectif d’artistes, nous avons occupé un bâtiment du Ministère des Finances pendant quelques années. L’objectif était de redonner aux habitants un lieu d’expression artistique à travers des ateliers culturels (musiques, danses). Nous voulions créer un vrai projet solidaire. En 2006, nous avons obtenu le statut d’association, et très vite les premiers emplois étaient créés. Entre-temps, nous avons déménagé deux fois. En 2012, dans nos nouveaux locaux, notre projet de ressourcerie voit le jour. Depuis, je dois bien le dire, nous sommes victimes de notre succès puisque nous collectons environ une tonne d’objets par jour !

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la ressourcerie?

La ressourcerie en général est un centre convivial destiné à collecter les matières et objets pour être réemployés ou recyclés. Lutter contre le gaspillage et travailler avec la récup est l’objectif premier d’une ressourcerie. A la Petite Rockette, nous collectons aussi bien les textiles que les jouets, les peluches, les meubles, les CD, les DVD et les livres. A part l’alimentation et les produits dangereux (chimiques), nous collectons tout le reste. Comment cela se passe-t-il ? Dans la plupart des cas, les habitants nous apportent eux-mêmes leurs affaires. Pour une collecte importante, nous nous déplaçons 2 fois par semaine sur rendez-vous. Les objets sont ensuite triés, nettoyés, revalorisés pour être revendus à bas prix dans notre boutique solidaire. La redistribution fait également partie de notre terrain d’action. Nous revalorisons les vêtements chauds (gants, blousons, grosses chaussettes) pour les donner aux maraudes qui agissent auprès des SDF. Dans ce contexte économique difficile, notre engagement auprès des plus démunis est très important, il y a un vrai besoin, et c’est pourquoi nous avons décidé de créer « les vestiaires ». Nous habillons gratuitement les personnes qui ont un suivi social et qui sont en grande difficulté. Enfin, nous jouons un rôle important sur l’animation. Par exemple, lors de nos braderies nous n’hésitons pas à sensibiliser le grand public à l’environnement.

femme achetant des vêtements de récupération

En quoi la Petite Rockette se démarque-t-elle des autres ressourceries ?

Je dirais que la force de notre association c’est sa gestion humaine. Ici, tout le monde a son mot à dire. Nous sommes aujourd’hui 17 salariés et 25 bénévoles et nous avons tous le droit de vote sur les différents projets de la Petite Rockette. Depuis près de 10 ans, c’est comme une famille. Chez nous, il n’y a pas de diplômés ou non diplômés, nous travaillons main dans la main. Le noyau des premiers arrivés travaille toujours avec nous, et ceux qui quittent l’aventure décident de créer leur propre ressourcerie, c’est quand même très positif. L’humain est au centre de notre association aussi bien en interne qu’à l’externe, c’est l’essence même de la Petite Rockette. Avoir une équipe aussi soudée et épanouie c’est très positif, car nous nous réinventons tout le temps, nous sommes ouverts à beaucoup de projets et les idées qui émergent sont nombreuses. Le recrutement se fait de la même manière car nous avons tendance à privilégier des personnes qui sont généralement éloignées de l’emploi.

Qui vient faire des dons à la ressourcerie ?

Pour être honnête, il n’y a pas de profil type. Viennent des jeunes comme des moins jeunes. Ce que je peux constater, c’est qu’ils ont en commun un certain intérêt pour l’environnement. Avant tout, l’idée de savoir que leurs dons feront le bonheur d’autres personnes les réjouit.

Une ressourcerie, c’est tout de même assez peu connue dans l’esprit des gens me semble-t-il ? Y-a-t-il un manque de visibilité ?

C’est évident que nous n’avons pas encore assez de visibilité, nous ne sommes que 120 en France, c’est encore peu même si je suis persuadée que ce type d’associations va continuer à se développer. On associe souvent une ressourcerie à Emmaüs. Hors, nous ne fonctionnons pas de la même manière et ne proposons pas tout à fait la même chose. Mais je suis sûre qu’avec de l’engagement et de la motivation, les gens auront de plus en plus le réflexe de donner aux ressourceries. Grâce au bouche à oreilles, les habitants ont déjà pris l’habitude de venir à la Petite Rockette pour déposer leurs objets.

2015 vient de commencer, quels sont les grands projets pour cette année ?

Nous avons lancé un café de co-réparation en octobre 2014, et nous n’avons pas encore pris le temps de le faire connaître et de le développer. Ce sera un des enjeux de cette année. À l’heure du Do It Yourself (DIY), nous souhaitons vraiment créer un espace convivial où le public peut apprendre à réparer lui- même ses appareils et ses objets. C’est une bonne alternative au gaspillage et un grand moment de partage. J’irais encore plus loin dans cette démarche, car je rêverais que ce lieu, soit un jour auto-géré par des habitants et qu’il devienne le « lieu des possibles », où chacun puisse apporter ses idées. Ensuite, un des objectifs de cette année, c’est d’exploiter davantage le côté artistique que nous revendiquons à la Petite Rokette. Il faut qu’on créé, qu’on transforme, qu’on relooke, qu’on customise davantage ce que l’on reçoit avec un côté un peu décalé et amusant. Pour cela il nous faut du temps, mais on le trouvera.

Quels sont les grands événements que vous organisez dans l’année ?

Généralement, nous organisons des braderies deux fois par ans (avril et octobre) durant lesquelles nous vendons les vêtements à 1€. Nous réalisons tous les mois une foire aux livres à prix libres. Ces événements nous permettent de créer du lien social et de déstocker pour avoir toujours de la nouveauté à proposer. Pendant les vacances d’avril, nous souhaitons également mettre en place un festival uniquement créé par et pour les jeunes. Nous allons proposer différents thèmes (menuiserie, électronique, couture) et nous mettrons à disposition des adolescent(e)s des moyens et des compétences pour recréer, transformer et customiser des matières. Là aussi, il y a de la sensibilisation puisqu’il s’agit de montrer à des jeunes en difficulté qu’avec de la récupération, on peut tout faire.

Comment vous financez-vous ?

Nous nous autofinançons à hauteur de 58% et le reste provient des subventions (Ademe, Etat, Fondation de France…).

Que vous faut-il pour aller plus loin ?

Bonne question ! J’ai pas mal de choses qui me viennent à l’esprit. J’aimerais vraiment que les ressourceries se développent, et je souhaiterais voir naitre des petits frères et des petites sœurs dans notre arrondissement ; cela nous faciliterait la tâche. Pour les habitants également. Ensuite, je pense que cette année, nous allons vraiment faire en sorte d’allier davantage l’écologie et l’artistique. Comment fabriquer des séries de manières artistiques ? Ce sera un réel enjeu cette année. Il faut qu’on exploite cette piste. Sur ce sujet, on pourrait presque penser à créer un poste dédié mais malheureusement, pour le moment l’espace ne nous le permet pas. Enfin, je pense qu’il faut décomplexer l’écologie au sens large ; il faut rendre les choses plus simples pour le public. Dans ce contexte, ce sujet n’est pas la priorité, il faut donc faciliter les démarches pour que cela devienne un réflexe pour tous. Je rêve qu’un jour il y ait des abris bus où chacun puisse déposer ses objets et que d’autres puissent les récupérer.

Aujourd’hui, je pense que les gens sont plus ou moins vigilants, il faut donc les rassurer. Nous devons insister sur le fait que nous sommes un intermédiaire entre la déchèterie et l’habitant. Ce dernier peut venir constater par lui-même notre travail écologique et local.

Merci Delphine pour cet échange très intéressant et bonne continuation.

La Petite Rockette

125 Rue du Chemin Vert

75011 Paris

01 55 28 61 18

Retrouvez toutes les ressourceries en France ici.

Copyright photos : La Petite Rockette

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