Oureparer.com, la plateforme qui redonne vie aux objets
10 minutes de retard ce matin, on court dans tous les sens pour attraper le bus, et là c’est le drame : chute du Smartphone, l’écran est fissuré et il a du mal a se rallumer. Comment faire sans notre objet quotidien préféré ? Pas de panique, la plateforme Oureparer.com vous met en relation avec des réparateurs. Quelques clics et un diagnostic et votre mobile s’est refait une beauté. Pour en savoir plus sur ce projet innovant, nous avons rencontré les deux fondateurs, François Penin et Clément Follin-Arbelet.
Bonjour François. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
Pour ma part je suis designer et j’ai travaillé 4 ans dans la scénographie. Quant à Clément, il a fait une école de commerce et a travaillé 5 ans comme contrôleur de gestion dans une grosse entreprise française.
Pourquoi avoir créé Où Réparer ?
L’idée m’est venue lorsque j’ai fait appel aux encombrants de la ville. Je voulais aller plus loin dans la démarche. Le premier concept était de géolocaliser les objets à l’abandon dans la rue. Le projet « Adopte un objet » est né mais il faut encore le développer, notamment par la création d’une application. Aujourd’hui, nous consommons et nous jetons beaucoup. Nous devrions nous poser davantage la question « est-ce que c’est réparable » ? C’est de ce constat que nous avons voulu innover dans la réparation. Sous forme d’abonnements, nous souhaitions créer un annuaire répertoriant tous les réparateurs. De fil en aiguille, nous avons rencontré environ 250 réparateurs. Un vrai dialogue s’est mis en place. Nous avons ensuite fait la liste de tous les objets pouvant être réparés et nous avons simulé des pannes pour faire des diagnostics. La plateforme Oureparer.com a vu le jour, il y a maintenant 1 an.
Avec la création de cette plateforme, quel message souhaitez-vous faire passer ?
Nous jetons environs 1,7 millions de tonnes de déchets électroniques, c’est frustrant, surtout quand on est attaché à nos affaires. Je sais de quoi je parle avec mon ordinateur (rires). Réparer, c’est consommer mieux et économiser (de l’argent et des ressources naturelles). Avant d’ouvrir la poubelle, demandons-nous si ça en vaut vraiment la peine et s’il n’y a pas un dernier recours possible. Rien ne se perd, tout ou partie se répare ! C’est l’heure de la consommation raisonnée !
Si je veux faire réparer un disque dur par exemple, c’est possible ?
Bien sûr ! Nous avons déterminé près de 300 objets (allant de la vidéo, à l’informatique, en passant par l’électronique) et plus de 3000 diagnostics différents sur l’objet recherché. Sur notre nouveau site (qui arrive à la fin du mois), vous pourrez renseigner beaucoup d’informations (objets, problèmes rencontrés, géolocalisation…). Vous aurez alors un premier diagnostic. Rapidement, plusieurs réparateurs vont vous répondre et vous donner un diagnostic et un prix. Toutes les informations pratiques vous seront également communiquées (adresse, téléphone). Sur ce système de concurrence avec des offres diverses, on peut trouver le bon diagnostic au bon prix. Les services innovants au bon prix auront la primeur sur notre clientèle. D’ailleurs, à terme, je pense que la concurrence se fera davantage sur le service (à domicile, service d’enlèvement…) que sur le prix.
Comment je peux savoir si le réparateur est bien qualifié ?
Nous portons une vigilance particulière sur ce sujet. Lorsqu’un réparateur propose ses services, nous lui soumettons plusieurs questions notamment sur son expérience. Nous lui demandons également sa carte d’identité, son numéro de SIRET, ce qui confirme un statut légal. A partir d’une réparation qui va au-delà de 250€, nous exigeons un justificatif de domicile et son numéro de Kbis. Nous avons aussi la possibilité de créer un profil secret pour tester les réparateurs. Nous simulons une panne pour voir si le diagnostic est bon. Enfin, rassurez-vous l’argent n’est pas versé tout de suite au réparateur, vous avez une semaine pour voir si votre appareil fonctionne bien.
Qu’est ce que la Répar’ School ?
L’objectif de cette initiative est de rejoindre une communauté ou de créer un cours. Toute personne ayant une expérience dans la réparation (auto-entrepreneur, salarié, retraité) peut partager son savoir. Les cours payants ne doivent pas dépasser 10€. Avec ce projet, nous espérons créer de nouveaux profils (femmes, jeunes) dans la réparation et ainsi être plus sensibilisés au réemploi. Le « Do It Yourself » est au cœur de la Répar’School.
Vous parlez de sensibilisation au réemploi. Sommes-nous assez sensibilisés ? Que faut-il faire ?
Je ne crois pas vraiment à la sensibilisation, je trouve qu’on perd notre temps à expliquer. A mon avis, le plus judicieux est d’innover et de simplifier. Il faut donner les moyens aux gens de pouvoir le faire. Par exemple, si nous mettions en place des composts en commun dans les immeubles, les habitants recycleraient plus facilement et juste en bas de chez eux. C’est plus incitatif. Il y a des solutions, à condition d’innover. Je prends un autre exemple, celui de Phoneblock, ce concept créé par un designer holandais qui consiste à personnaliser son mobile en fonction de son usage. C’est une excellente idée en matière de réduction des déchets, c’est du bon sens. Il vous suffit juste de remplacer la pièce défaillante tout en gardant le reste du mobile. C’est une belle alternative au gaspillage des DEEE (Déchets d’Equipements Electroniques et Electriques) et c’est innovant ! Précis, local, efficace, innovant, c’est le conseil que je donne en matière d’écologie.
Le numérique est-il une opportunité pour un projet à la finalité environnementale ?
C’est effectivement une très belle occasion. Pour notre projet, c’était incontournable. La plateforme est notre outil de travail. Pour « Adopte un objet », on se développera également sur un outil mobile avec l’application. Par ailleurs, pour les ressourceries par exemple, je ne suis pas sûr que ce soit indispensable. Je pense que ce genre d’initiatives demandent d’être locales, d’être un service de quartier.
Quels sont les grands projets de 2015 ?
La mise en ligne de notre nouveau site arrive à la fin du mois. Nous nous laissons jusqu’à juillet pour gonfler la base de données des réparateurs et migrer toutes les informations de l’ancienne plateforme sur le nouveau support. On doit peaufiner tous les détails. Ensuite, nous aurons jusqu’à la fin de l’année pour améliorer le site, notamment dans la rapidité des réponses aux offres. Enfin, nous souhaitons atteindre 1000 réparateurs dans toute la France.
Qu’est ce qui vous manque pour aller plus loin ?
Le premier enjeu est de croître la communauté de réparateurs de 300 actuellement à 3000. Evidemment, avoir une équipe de développeurs serait l’idéal. L’avantage, c’est que nous sommes bien entourés et conseillés. Nous sommes d’ailleurs incubés à l’ESSEC. Le feed market nous permettra à plus long terme de savoir si notre projet est bien ancré dans la réalité de notre marché et s’il y a une vraie demande. Affaire à suivre…
Merci François et Clément. Bon courage pour la suite de ce projet prometteur !